Close

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affiche du film close Film franco-néerlando-belge de Lukas Dhont – 105′
Avec Eden Dambrine, Gustav De Waele, Léa Drucker, Emilie Dequenne
Sortie le 01/11/2022

Chronique de Jean-Louis Requena

Léo (Éden Dambrine) et Rémi (Gustav De Waele) sont deux garçons de 13 ans unis par une amitié profonde. Léo est blond aux yeux bleus, extraverti ; Rémi brun introverti, réservé. Léo dont les parents sont horticulteurs, aime, avec son camarade, courir à travers les champs de fleurs, à la belle saison. Souvent, avec l’accord de sa mère Nathalie (Léa Drucker), il passe des jours, des nuits dans la chambre de Rémi. Les parents de ce dernier, en particulier sa mère Sophie (Émilie Dequenne), acceptent volontiers Léo dans leur grande maison moderne. Léo est admiratif du talent musical de Rémi lequel joue très bien du hautbois, au point d’être soliste dans un orchestre de chambre.

A la fin des vacances scolaires, Léo et Rémi font leur rentrée au collège local. Inséparables, ils s’y rendent en vélos dans de folles poursuites. Ils sont dans la même classe franco-flamande. Au cours d’une récréation, leurs camarades les interrogent : sont-ils ensemble ? En couple ? Rémi silencieux, ne réplique pas, mais Léo s’insurge : ils ne sont qu’amis intimes, sans plus … Cette conversation dans la cour du collège perturbe Léo, mais semble indifférente à Rémi.

Conseillé par un camarade de classe, Léo s’inscrit dans le club local de hockey sur glace où il commence son apprentissage dans une ambiance très virile, voire brutale … Il s’éloigne de Rémi qui semble en souffrir ; du reste Léo se rend au collège en vélo sans attendre Rémi. Ce dernier vient le voir à la patinoire lors d’un entrainement …

Les liens d’amitié, de connivence, entre ces deux adolescents sont-ils rompus ?

Close est le deuxième long métrage du jeune réalisateur belge Lukas Dhont (31 ans), dont nous avons admiré le premier opus, Girl (2018), film particulièrement réussi sur un sujet difficile : le changement volontaire d’identité sexuelle chez un adolescent, par ailleurs élève d’une école de danse. Dès ce premier film le réalisateur, également scénariste avec l’aide de son collaborateur habituel Angelo Tijssens, a traité de la difficulté d’être soi dans une société basée sur des normes sexuelles (hétéro/homo), des labels psychiques (masculin/féminin), des divisions physiques (homme/femme). Avec la perte de l’innocence enfantine, en début d’adolescence, tout individu conscient se pose la question : en dernier ressort qui suis-je ? quelle est mon identité ? Il faut trouver sa place dans le monde hiérarchisé en modes simples (en apparence), or la personnalité en gestation est compliquée, se heurtant à un système social rigide, préétabli, normatif. L’heure, douloureuse, du choix est arrivée : il faut se déterminer soit volontairement, soit la société décidera pour vous. Close narre avec tact ces intermittences, ces balancements, ces mouvements, illustrés par le dynamisme de la mise en image de Lukas Dhont : courses éperdues dans les prairies en fleurs, randonnées en vélos, déplacements sans cesse des gamins qui semblent vouloir abolir par leur vélocité (à pied, en bicyclette, en patins, etc.) l’horloge biologique qui leur imposera de se déterminer, de se positionner, dans la société. L’adolescence, la puberté est le temps magique/tragique des possibles.

La mise en scène de Close est simple au premier regard mais dans les faits, très travaillée avec ses plans sur deux personnages, l’un est flou (premier ou deuxième plan), l’autre est net comme détouré. Ajoutons à cela, les longs travellings latéraux, les très gros plans de réaction notamment sur le visage enfantin, mais expressif, de Léon (Éden Dambrine). Tous les autres interprètes chevronnés sont à l’unisson (Léa Drucker, Émilie Dequenne, etc.).

Pour le réalisateur, Lukas Dhont, le titre Close « illustre tout aussi bien l’idée d’être enfermé, de porter un masque et de ne pas pouvoir être soi-même ».

Pour son premier opus présenté au Festival de Cannes en 2018, Girl, dans la section Un certain regard, le réalisateur belge avait obtenu pas moins de trois prix : Caméra d’or, Prix FIPRESCI et Queer Palm. Pour Close il a été récompensé, dans le même festival en 2022, du Grand Prix du jury. A 31 ans, Lukas Dhont est un réalisateur belge prometteur.