Film britannique de Richard Eyre – 105’
Avec Emma Thomson, Stanley Tucci
Chronique réalisée par Jean-Louis Requena
Dans un bel appartement londonien, une femme, Fiona Maye la soixantaine, s’affaire à lire des dossiers, à prendre des notes. C’est une juge de la Haute Cour (My Lady en V.O) qui doit donner son verdict dès le lendemain dans une affaire difficile d’enfants siamois. Son mari tente de discuter avec elle sur le devenir de leur vie commune. Elle l’ignore, s’enferme dans ses dossiers. Le couple sans enfant se désagrège inexorablement : elle, happée par son harassant travail, lui professeur de littérature, partant pour une aventure sentimentale.
Fiona Maye est une professionnelle accomplie qui court de son appartement chaleureux à son bureau de juge où elle n’a qu’à traverser un couloir pour entrer dans la salle d’audience et y présider. En qualité de juge, elle s’adosse au « Children Act » loi cadre adoptée en 1969 qui stipule que l’intérêt de l’enfant est prioritaire à tout autre quelle que soit sa famille, sa religion, etc.
Un centre hospitalier londonien veut pratiquer de toute urgence une transfusion sanguine sur un adolescent de 17 ans, Adam, afin d’arrêter le processus mortifère d’une leucémie. La famille très pieuse, ce sont des « Témoins de Jéhovah », s’y refuse et semble-t-il également le jeune Adam sur son lit d’hôpital.
Le temps presse, car la santé d’Adam décline rapidement : dans quatre jours il mourra. Les interrogatoires, les plaidoiries, se succèdent sans qu’une solution satisfaisante se dessine. My Lady, prend alors une décision incongrue dans le système judiciaire britannique : elle décide de se rendre elle-même au chevet de l’adolescent pour l’interroger sur les raisons de son refus de toute intervention médicale.
Cet acte, inhabituel va-t-il déverrouiller le mortel compte à rebours ?
Richard Eyre et son coscénariste le grand écrivain britannique Ian McEwan ont adapté le livre de ce dernier paru chez Gallimard (L’intérêt de l’enfant – Collection du Monde Entier – 2015). Nonobstant une facture classique, le dernier long métrage de Richard Eyre « épouse » les subtilités du roman de Ian McEwan. Il faut dire qu’il est grandement aidé par des acteurs d’une grande subtilité de jeu au premier rang desquels Emma Thompson qui s’était égarée depuis des années dans des comédies à bas rendement. Ici, nous la retrouvons au niveau de Retour à Howards End (1991) de James Ivory et Les Vestiges du Jour (1993) du même metteur en scène. Elle démontre l’étendue de sa palette de jeu et assume, sans complexe aucun, son âge ce qui n’est pas si fréquent dans le monde cinématographique.
Le dernier long métrage de Richard Eyre pour le cinéma (c’est un réalisateur prolifique pour la télévision britannique) échappe au tout venant de la production anglaise qui reste pour une grande part assujettie à la fabrication de blockbusters américains (saga Harry Potter entre autre !)
My Lady, en ces temps caniculaires est un excellent mélodrame « rafraichissant » qui aide à comprendre la complexité de notre monde où à la fin tout n’est qu’une question de vie ou de mort.